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Aimons la Tunisie
1 mars 2013

Pour se renflouer une chaîne de TV tunisienne vend du persil!

• La chaîne Elhiwar Ettounsi a célébré hier la «journée nationale de la vente du persil», devant son siège à Tunis. L’évènement, qui peut être interprété comme une réponse humoristique à une provocation sur Internet, a été organisé pour alerter l’opinion publique sur les pressions exercées sur les médias
«Vous allez à la chaîne Elhiwar? Allez-y, c’est tout droit! La crème des Tunisiens s’y trouve!», clame une femme, une botte de persil sous le bras. L’avenue de la Liberté était particulièrement animée, de la matinée d’hier, jusqu’en début d’après-midi. Devant le siège d’Elhiwar Ettounsi, plusieurs personnes sont venues acheter du persil et surtout  témoigner leur soutien au directeur Tahar Ben Hassine. «Elhiwar Ettounsi a toujours été contre le pouvoir, même au temps de Ben Ali. S’il y a autant de monde aujourd’hui, c’est pour défendre et la chaîne et la liberté d’expression», explique un participant. «C’est la seule chaîne tunisienne à avoir couvert les évènements du bassin minier en 2008. M. Tahar est fidèle à lui-même, c’est un homme libre et on sera toujours aux côtés des hommes libres», renchérit un autre manifestant. «C’est la moindre des choses qu’on peut demander à Margot, non?», s’exclame Khémaïs Khayati, journaliste. «Je suis venu soutenir à la fois mon métier, l’esprit de mon métier qui est la liberté d’expression, et la nature même de mon métier qui est la diversité», rajoute-t-il. Devant le siège d’Elhiwar, les gens se regroupent autour des employés de la chaîne qui vendent des bons de soutien. Les bons sont ensuite échangés contre des bottes de persil. «Persil, persil, Ennahdha a volé l’argent», scande un inconditionnel dans la rue. Sur une banderole accrochée à la façade de l’immeuble, on peut lire «le persil, pour un média citoyen». L’évènement a attiré une foule nombreuse, qui s’est réunie dans une ambiance bon enfant. «C’est une initiative très sympathique et, encore une fois, le peuple tunisien a fait preuve de beaucoup d’humour pour défendre des causes nobles», a déclaré Khémaïs Ksila, constituant de Nida Tounès. D’autres personnalités politiques ont participé à l’évènement, à l’instar de Hamma Hammami (POT) et de Abdelaziz Mzoughi (Nida Tounès). Plus de 2.000 bottes ont été échangées contre des dons allant de 20 à 1.000DT. La somme totale collectée s’élève à plus de 100.000DT. «Je reviendrai le mois prochain pour faire un don à la chaîne. Il faut soutenir la liberté d’expression et se battre contre cette dictature naissante!», a déclaré une manifestante.

Retour sur les faits
La Presse de Tunisie du 01 03 2013

La chaîne Elhiwar avait publié, le 21 février, un communiqué dans lequel elle a lancé un SOS auprès du public  afin de collecter des dons qui lui permettraient de faire face à une «tentative de strangulation de la part du parti au pouvoir». N’ayant plus de recettes publicitaires, la chaîne n’est pas en faillite, selon les déclarations de M. Ben Hassine, mais pourrait connaître une situation économique difficile si elle reste sans subventions. Suite au SOS, plus de 5.370 messages ont été envoyés par des partisans d’Ennahdha, selon un communiqué d’Elhiwar daté du 24 février, pour suggérer à la chaîne de vendre du persil pour se sortir du pétrin. «Cette vente a un but plus symbolique que commercial. Elle a été organisée pour alerter l’opinion publique sur la situation des médias libres. Il est clair qu’on cherche à leur mettre des bâtons dans les roues», explique Oussama Abdelkader, cadreur journaliste à Elhiwar Ettounsi.
D’après un rapport du Centre de Tunis de la liberté de la presse, daté de décembre 2012, la chaîne Elhiwar Ettounsi est la première cible des agresseurs, parce qu’elle est considérée comme «trop politisée, non objective et encourageant les protestations antigouvernementales».
Outre la violence vraisemblablement instrumentalisée, le cas d’Elhiwar Ettounsi soulève un problème qui accentue la vulnérabilité des médias, notamment privés, à savoir la dépendance vis-à-vis de la publicité et l’absence de modèles économiques alternatifs. «Quand on enlève la publicité, on enlève les moyens de survie des journalistes et de ceux qui se lancent dans l’information. Malheureusement, il est très facile de les asphyxier, mais il faut dire non à ce qui se passe. Nous avons tous intérêt à ce qu’il y ait une information libre, fiable et transparente», a déclaré Hichem Kacem, écrivain.  
Un autre problème d’ordre financier, qui pourrait être considéré comme un moyen de pression, se pose actuellement pour les radios ayant obtenu leur licence en 2011. Selon Reporters sans Frontières, ces dernières sont criblées de dettes et risquent de fermer si elles ne payent pas leurs factures à l’Office national de télédiffusion (ONT). Des responsables de l’ONT ont déclaré à RSF, le 12 février 2013, qu’une révision des tarifs est actuellement à l’étude mais jusqu’à présent, aucun calendrier n’a encore été fixé

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